deux-tiers de cette pièce. Tous les ans, deux fois par en au printemps et en automne, des lettrés passaient, venant de la ville, pour examiner les élèves, pour voir s'ils savaient réciter quelques vers chinois ce que je faisais assez facilement. Evidemment, j'étais mal habillé, sale, mal peigné. De cette tête-là, il y a une voix qui est sortie et qui a résonné dans la salle. A partir de ce moment-là tout à cessé, les enfants m'aimaient. Un jour que j'étais sorti, un grand garçon, qui était plus fort que moi, m'a fait manger des chenilles, des vers noirs qui étaient dans les champs d'orge. Son père était plus ou moins lettré. Il apprit ça. Il m'a demandé de venir et, devant moi, il a fouetté son fils sur les mollets en le traitant d'imbécile. Mes cheveux étaient noués en natte, j'ai coupé ma natte vers 14 ou 15 ans. On avait plein de vermine dans les cheveux. C'était horrible. La soudure Evidemment, chez mon oncle, on mangeait à peu près normalement, mais au mois de juillet au moment de la soudure, il arrivait couramment de sauter des repas. On ne mangeait pas pendant un jour ou deux. Ma grande tante allait chez les voisins quémander, emprunter quelques bols. Je m'en rappelle très bien. Pour essayer de trouver quelque chose à manger, ma grande-tante m'envoyait dehors avec un panier cueillir les feuilles de n\˜umjaeng [my\˜ongaju] chénopode [patte d'oie]. Vous savez, ces plantes. J'en ai ici dans mon jardin. C'est encombrant. J'en ai mangé en France aussi. Ici, personne ne sait que c'est comestible. C'est de la même famille que les épinards. En littérature chinoise, c'est une plante très connue. Les feuilles ont une forme triangulaire, chénopode, ça peut dire patte de canard. Les feuilles sont poudrées, elles ont le goût d'épinard. Ici, les feuilles sont