désespéré. J'ai commencé à déchiffrer l'alphabet coréen sur la bateau. Un Coréen, qui était venu au moment de la conférence de Versailles, m'avait écrit ce que je devais demander dans les restaurants: les pommes de terre,... Je vois encore son écriture. En Allemagne, je baragouinais. Au début, je faisais toutes sortes de métier: terrassier à Laon, à Reims. Nous sommes arrivés le 14 décembre à Paris et j'en suis parti le 20. J'étais seul. Les autres avaient tout de même quelques sous. Normalement, chacun devait posséder 3.000 f. en arrivant. C'est pour cela qu'un certain nombre d'entre nous sont allés au lycée de Beauvais pour essayer d'apprendre le français [dans le carnet: Chung Sup Lee, Lycée Felix Faure, Beauvais]. Moi, je n'avais pas un sous parce que mes 3.000 f. étaient garantis par mon camarade. Je ne voulais pas garder cet argent, je le lui ai rendu. Il m'a tout de même donné trois cents francs. C'est pour cela que j'ai été le premier à partir au travail. Je suis parti à Montbard. Je suis arrivé à l'usine métallurgique le 20 décembre à Montbard. Elle allait fermer pour les congés. Ils ne voulaient pas me prendre. J'ai été recruté au mois de Janvier. Je ramassais des ferrailles sous la pluie, à la main et je chargeais des wagonnets. Au bout de deux mois, j'étais chômeur. Je suis revenu à Paris. J'ai rencontré un autre camarade et nous sommes allés à Suippes, une région dévastée. Il y avait là une quinzaine de Coréens qui étaient venus de la Russie et qui travaillaient là pour ramasser des obus et tout ça. Il y avait des Coréans qui vivaient dans les baraquements. Je suis donc allé à Suippes. Au printemps, avec le Coréen qui parlait bien le russe et qui était instituteur quelque part en Sibérie nous sommes allés chercher du travail et nous en avons trouvés à Laon pour faire des terrassements pas loin de la gare. Il fallait charger la terre creusée avec la pelle. Ma pelle n'atteignait