maison. L'armée loyale, cest à dire les Coréens qui, sans uniforme, avec les turbans comme cela sont venus à trois ou quatre. Ils ont emmené mon grand-père et mon père parce que mon père avait rapporté de Sibérie deux fusils. Ils avaient appris que nous avions des fusils. Ils ont amenés les fusils et ils ont incorporé mon grand-père et mon père dans les troupes de la guérilla. C'était tragique parce que ma belle-mère avait à peine vingt-cinq ans et moi j'avais onze ans. Nous avons passé la nuit dans l'angoisse. Par une chance incroyable, le lendemain mon grand-père et mon père sont revenus au début de l'après-midi pour se préparer à partir. Heureusement, le chef du groupe était de sa connaissance. Ils avaient pérégrinés ensemble en Sibérie. Les Coréens qui pérégrinaient dans la Sibérie avait formé un groupe appelé les "frères loyaux" (ihy\˜ongje). Je crois qu'ils étaient trente-six. Je me rappelle très bien des brochures où il y avait les noms et l'identité des membres du groupe, leur adresse en Corée, leur âge... L'un de ceux-ci dirigeait ce groupe. C'était dans la forêt vierge encore. Le soir après le dîné, il a amené mon père sous un arbre éloigné et il lui a dit: "Ecoutez. Si j'avais le moindre espoir je ne ferais pas ça, mais nous n'avons plus aucun espoir pour lutter contre les Japonais. Nous allons perdre notre vie. Je ne peux pas oublier le lien perpétuel qui nous unit. Il faut vous en retourner, d'autant plus que votre père est âgé. Il faut retourner dès demain à la maison. Quoiqu'il arrive, ne vivez plus dans les montagnes. Quant à nous, nous fuyons. Nous allons essayer de franchir le Yalou. Il est possible que nous soyons attrapés et massacrés. Il n'est pas nécessaire que vous fassiez le sacrifice de vos vies. C'est cela cette chance extraordinaire que mon grand-père et mon père ont eu. Ils sont revenus. En une heure, nous avons fermé la maison. Nous sommes partis. Nous avons traversé le col dont on a parlé pendant la guerre de 1950, kot'osu, kot'ori qui est au bord de la grande route. De l'autre côté