petites. Dans [mon village], en plaine, ça poussait bien, sous la forme sauvage. J'essayais donc de remplir mon panier. Quand mon père est revenu de Sibérie, ce n'était pas très agréable. D'abord, il est revenu au bout de deux ans. Il était comme fiancé avec une femme. Puis, il est resté six ans en Sibérie. A ce moment-là, la famille l'a harcelé. Quand il est revenu, il s'est remarié. Il essayait de trouver des pépites d'or dans les rivières de Sibérie orientale, mais finalement, il a travaillé dans la forêt comme bûcheron. Il est revenu avec deux scies que les Coréens ne connaissaient pas, une scie passe-partout et une scie comme en France. Mon oncle avait pas mal de dettes. Mon père a payé toutes ses dettes et il n'a pas acheté grand chose et nous sommes partis de nouveau dans les montagnes, à l'endroit où j'étais né. Pendant la Guerre de Corée, on en a parlé parce que l'armée américaine avait des difficultés à évacuer un col de montagne que j'ai franchi plusieurs fois dans mon enfance. Là, on ne pouvait même pas cultiver le maïs, mais seulement l'orge, l'avoine et les pommes de terres. La famille de ma belle-mère était originaire d'un lieu situé à cinq, six kilomètres. Elle avait vécu dans ce pays et savait bien se débrouiller. Elle m'envoyait ramasser des boîtes de fer-blanc et elle en faisait des râpes. Elle râpait les pommes de terre, en extrayait la fécule et en faisait des caramels. Pendant un an, la vie était agréable. Malheureusement, c'était le moment où les Coréens essayaient de lutter contre les Japonais. Une dizaine de Coréens avait quatre ou cinq armes plus ou moins démodées. Dans ces montagnes, les Japonais ne faisaient pas de prisonniers, ils les massacraient. Pendant deux ans, nous avons pu vivre dans cet endroit. Puis, un mois de juin, je me revois encore, passant à côté du champ d'orge alors que j'abandonnais cette