Aujourd'hui, les Coréens me bomberdent [de brochures]: du Nord, du patriotisme. Evidemment, je n'ai pas oublié la Corée. Je participe [à l'Association Nation coréenne...] Je ne peux rien faire. J'entends mal. Je vois mal. Dans les réunlons, je ne comprends rien. Je participe parce qu'ils me le demandent, pour ne pas les décourager. Quand il s'agit de parler franchement de ce qui était notre pays, je suis content, mais je ne suis plus du tout coréen. Dans les brochures qui viennent de l'Allemagne ou de Tokyo ou même de l'Amérique, ils parlent de ce traite de Pak Ch\˜ongh\˜ui ou encore Ch'\˜on Tuwan en l'appelant Monsieur le Président, Monsieur le Président. Ça ne me va pas, parce que c'est le titre qui les subjugue. En arrivant à Changhaï, j'ai rencontré tous les autres sauf Syngman Rhee qui était à Hawaï. J'ai passé une matinée à Paris avec lui, en 1932 probablement. Par hasard, un jour, j'ai reçu une lettre signée Syngman Rhee. Voyez-vous, les Coréens sont ignorant dans ce domaine. Dans ces brochures, ils ont tous écrit i, comme on prononce. Cette diversité des manières d'écrire le nom qui se prononce i. Ceux qui vont en Amérique Ree, en Allemagne Lie, ici Li. Le plus cocasse c'est Syngman Rhee. Ce type, qui était anti-japonais jusqu'auboutiste, est le seul qui ait adopté la prononciation japonaise. Il ne le savait pas probablement. Avec un "h" ! Il y a encore d'autres manières d'écrire ce nom. Syngman Rhee Syngman Rhee [1875-1965] était pro-américain depuis longtemps. C'était naturel puisqu'il avait fait ses études avec eux. Par malheur, il a eu un prestige considérable sur les Coréens en 1920 et même après. Il est l'un des premiers sortis du Paejae haktang, l'école secondaire créée par les missionnaires américains. Il est parti aux Etats-Unis, il avait presque